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Les strip-teaseuses : ces danseuses avant tout femmes d’affaires   

Sans elles, le club de strip-tease n’en serait pas un. Sans elles, ce serait juste une boite de nuit. Entre stratégies de ventes, discussions cordiales et danses, de 22h à 5h, les strip-teaseuses font le show. Voici un aperçu d’une de leur nuit. 

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Les loges des danseuses / ©Clémence Bouquerod 

Le début de soirée

           Les danseuses arrivent les unes après les autres. « On arrive en loge et on se prépare », explique Cassy, l’une des danseuses. Il est 22h, il reste encore un peu de temps avant que les clients arrivent. Certaines strip-teaseuses vont dehors et fument une cigarette. Puis, elles se retrouvent toutes autour du bar, discutent, sont sur leurs téléphones. « Après on boit toutes un petit verre : un soft ou un verre d’alcool », raconte Cassy. Pour Emma, une autre danseuse, c’est « histoire de se mettre en condition ». 


           

              23h. « On passe énormément de temps à attendre les clients », confesse MiaDolls, l’égérie du Bus Paradise. 

 

           23h15. Le premier client se présente devant les portes. « Les filles, client ! » scande l’un des videurs, qui rentre discrètement. C’est l’effervescence, les danseuses doivent ranger leur téléphone, se tenir bien. La musique monte d’un coup, la lumière se tamise. « Dès que les clients arrivent, chaque danseuse danse toute la nuit sur scène, de 22h à 5h non-stop, chacune son tour », explique Cassy. La nuit commence. 

La scène

              MiaDolls monte sur scène, elle porte un kimono de soie sur ses sous-vêtements, et des hauts talons. « On stage, Mia Dolls, just for you », susurre une voix dans les haut-parleurs. Elle reste sur scène le temps de deux chansons. A la fin de sa danse, il ne devra lui rester que son bas. Et à partir de minuit, elle change de lingerie et montera sur scène sans kimono.

              Il y a tous types de danseuses. De la pole danceuse qui joue avec la gravité, à celle qui danse lascivement autour de la barre, jusqu’à celle qui fait du twerk. 

Mia Dolls, égérie du Bus Paradise, danse sur scène / ©Clémence Bouquerod 

Les clients

         « Tous les clients sont différents », selon Emma. Homme d’affaire, jeune qui fête son anniversaire, couple, homme seul, … Mais quoiqu’il arrive, « quand tu es danseuse, tu vas voir le client et t’essayes de te vendre ». Tu « démarches les clients pour vendre des shows privés et des danses », précise Cassy. 

      Il y a toutes sortes de stratégies pour aborder les clients et leur vendre des shows. Lana, par exemple, sait reconnaître les différents types de clients, peut dire si l’un va prendre un show ou non. « La meilleure stratégie c’est d’y aller à plusieurs, d’être souriantes. Ensuite on pose des questions. C’est toujours les mêmes qui reviennent : 'comment tu t’appelles ?', 'tu fais quoi dans la vie ?'. Histoire de cerner le personnage, et ensuite de déclencher une discussion », raconte Mia Dolls. Pour MissCat« il faut aborder un client avec le sourire, mais ne pas non plus être trop rentre dedans. Tu ne dois pas rester avec eux trop longtemps non plus, parce qu’on n’est pas là juste pour discuter, même s’il faut être gentille. Alors on essaye de les inciter à prendre un show. Il faut aussi s’adapter et être un peu psychologue. » Elle précise qu’elle ne ressent pas de concurrence et n’est pas compétitrice, mais qu’avant, c’était « très mal vu » de parler à un client à qui une strip-teaseuse avait déjà parlé. « Entre tête d’affiche ça se tirait un peu la bourre ».

           Si tout se déroule bien, les danseuses arrivent à vendre plusieurs shows dans la soirée. 

Les shows privés

        Avant chaque show privé, les danseuses récupèrent une sorte de ticket de caisse, pour se rappeler combien de shows elles ont fait dans la soirée. Mais quels sont les différents shows qui existent ? Il y a d’abord les table dance, dans la salle principale, à 30€ et pour deux chansons. Ensuite, le lapdance. Dans un salon privé, durant deux chansons également, pour le prix de 70€. Après, les shows de nu intégral. 20 minutes pour 210€, 30 pour 300€, et une heure pour 550€. Comme leur nom l’indique, la danseuse finit nue à la fin de ces trois shows. Le client peut également la toucher du bout des doigt, si la strip-teaseuse l’accepte, et sans pour autant qu’elle perde le contrôle : « si elles ne veulent pas se faire toucher elles ne se font pas toucher. Et c’est gagné pour elles », confirme Irina, directrice artistique et ancienne strip-teaseuse. Pour l’une des danseuses, c’est son « personnage » qui se fait effleurer, pas elle. Et pour MissCat, c’est encore autre chose. 

Crédit son : ©Clémence Bouquerod

Crédit photo : MissCat sur scène / ©Clémence Bouquerod 

        « Alors oui bien sur elles se déshabillent, elles sont proches des clients. Mais le but c’est de danser, de mettre l’ambiance, de rigoler avec des clients », explique Irina.  Durant tous les shows, le but est avant tout que les clients « s’amusent ». Tout style de danse peut avoir lieu en show privé, comme sur la scène. « Ce n’est que de la sensualité ». Il faut « vendre du rêve », selon MissCat. 

        Si au Bus Paradise, j’ai eu la confirmation qu’il y avait une barrière très forte entre le strip-tease et la prostitution, dans certains pays d’Europe, comme l’Espagne, l’Allemagne ou encore la Suisse -et en off dans certains clubs parisiens, ce n’est pas le cas. Je garderai les témoignages anonymes. « A l’étranger, c’est complètement différent. A Genève, par exemple, la prostitution est autorisée, mais pas dans le club. Si le client veut sortir la fille, il paye un ‘droit de passage’ environ 500 euros. Et après ça se passe entre la fille et le client, à l’extérieur. Après la fille fait ce qu’elle veut, mais il n’y a pas de limite du moment que le client paye. » Et cette information sur le déroulement d’une nuit d’une strip-teaseuse à Genève m’a été confirmée par deux autres danseuses. 

La fin de soirée

          Parfois, c’est un peu long, alors elles font des pauses ou se font livrer à manger. « Dans les soirées t’as des pics d’adrénaline, et puis ça redescend. Mais tu dois quand même être au top pour la deuxième vague. Et des fois il faut vraiment te motiver. Les clients ils s’en foutent eux, ils viennent pour s’amuser. Même si tu es fatiguée », confie MissCat. 

 

             4h. La nuit est déjà bien entamée. Il y a de moins en moins de monde. Même les clients ont l’air plus fatigués. Il ne reste souvent que des habitués. 

            5h. Les derniers clients sont partis après leur dernier verre et show. Les danseuses reviennent toutes dans la salle principale, et montrent leurs tickets aux barmans pour se faire payer en conséquence. Elles peuvent enfin rentrer chez elles. 

              La nuit s’achève au Bus Paradise, mais commence pour les strip-teaseuses.  

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