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5 heures avec un client de club de strip-tease 

Que serait un club de strip-tease sans ses clients ? Entre habitués, hommes d’affaires, groupe d’amis et couples, chacun vit sa nuit différemment dans ce genre de club. Traités comme des rois, danseuses à leurs goûts ou non, vulgarité, douceur, certains clients ressortent parfois avec des avis diamétralement opposés.  

     Valentin, client habitué du Bus Paradise, a 60 ans. Il vient plusieurs fois par semaine. Lorsqu’il arrive, il est le plus souvent autour de minuit. Comme tout le monde le connaît, il rentre sans difficultés dans cet « endroit enchanteur, hors du temps, dans lequel on se transporte avec volupté », comme il le décrit. « Le cadre est très agréable, très raffiné. Le personnel est charmant. C’est un endroit où on se sent bien ! Surtout, je trouve que c’est un contexte particulier, qui permet de s’extraire des soucis du quotidien. »

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     Thomas a 37 ans. Il ne vient pas souvent, et vient fêter le départ de son patron avec des collègues. Il est 23h15, il se présente à la porte. Pour savoir s’il peut rentrer, les agents de sécurité s’assurent qu’il est bien habillé. Il va devoir leur parler, pour leur assurer qu’il connait le principe d’un club de strip-tease. Et c’est loin d’être le premier dans lequel il va. Thomas coche toutes les cases ce soir. Il est le bienvenu au Bus Paradise. 

L'entrée du Bus Paradise / ©Clémence Bouquerod

           Tous les deux devront payer 18€ pour l’entrée. Une fois dedans, ils verront le couloir des salons privés, séparés par des rideaux. Ensuite, ils arriveront dans la salle principale où se situent le bar, des fauteuils et la barre de pole dance sur scène. La musique vibre déjà. A peine arrivés, une danseuse est déjà sur la scène. La lumière est tamisée, rouge, renforçant cette ambiance sexy, engendrée par toutes les femmes en sous-vêtements autour d’eux. 

 

            Thomas se dirige vers le bar. Il y a de l’alcool pour tous les portes monnaies. L’alcool est à 20€ au verre, et monte jusqu’à 2600€ pour un Jéroboam de Dom Perignon. Le client en profite pour regarder les prix des shows, qu’il trouve « trop chers ».

            Après avoir eu son verre, il rejoint ses collègues plus loin, accoudés au bar. Il peut commencer à apprécier le spectacle.

            Valentin est déjà installé sur l’un des canapés, avec son habituel verre de Get 27. 

Le temps en salle

Crédit son : ©Clémence Bouquerod et ©Le Bus Paradise

Crédit photo : salle principale du Bus Paradise et sa scène / ©Clémence Bouquerod

          C’est Felena qui danse. Elle tourne autour de la barre, fait tournoyer ses cheveux. Elle fait le show sur scène. Les unes après les autres, elles viennent faire leur spectacle. En moyenne, un client reste deux heures à regarder, tout en buvant des verres et en discutant. Mais s’il est seul, comme Valentin, il a souvent tendance à prendre un show privé. Thomas en revanche commence d’abord par payer des shows à son patron.

 

            Si Valentin trouve les danseuses toutes « magnifiques » et adore leur diversité, qui permet à « chacun de trouver sa chacune dans le fantasme », Thomas, qui a déjà bu quelques verres, est loin de partager le même avis. Pour lui, au Bus Paradise, elles n’ont « pas le même standing » que dans des clubs de New York ou de Paris. « Ces filles au corps parfait coûtent trop cher pour un club de province. Alors, oui, ce n’est pas le même prix dans les capitales, mais ici elles ne sont pas aussi sublimes. Ils ne peuvent pas faire venir des filles qui sont quasiment des mannequins ».

Les shows privés

           Un client ne reste jamais seul bien longtemps dans un club de strip-tease. Valentin s’est déjà fait aborder par toutes les danseuses qu’il connait. Thomas, quant à lui, se fait aborder par l’une d’entre elles. Encore une fois, il émet certaines réserves : il trouve que les strip-teaseuses sont plus « agressives. Elles vont vraiment vous pousser à la consommation. On sent qu’elles sont là pour faire du ‘cash’, et du coup cela se traduit par une certaine vulgarité. Dans d’autres clubs que j’ai pu faire, peut-être qu’elles jouent très bien, mais elles ont l’air plus innocentes. »

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Le couloir des salons privés / ©Clémence Bouquerod

            Après s’être fait aborder, les clients partent souvent en show privé. Il y en a encore pour tous les portes monnaies, comme pour l’alcool. De 30€ pour un table dance, jusqu’à 550€ pour une heure dans un salon privé. 

             Valentin s’en va profiter d’une heure de danse avec sa danseuse préférée. Ce qu’il aime, c’est qu’elles vendent « du rêve ». Même s’il a le droit de l’effleurer de ses mains, il est bien conscient que ce n’est qu’un métier. « Cela reste du show business. Certains clients imaginent qu’ils vont partir avec la danseuse, mais ici il n’y a rien de sexuel, ce n’est que de la sensualité. C’est du spectacle. Toute l’intelligence de ce métier, c’est d’être hyper suggestive, et de laisser imaginer, entrevoir un possible. »

            Après avoir payé quelques shows à son patron, Thomas, maintenant bien alcoolisé, veut en profiter également. Il prend donc la danseuse qui lui a tapé dans l’œil, et part pour 30 minutes de danse privée avec elle. Il le fait pour l’idée d’une danse exclusive. A l’inverse de Valentin, pour lui, la limite n’était pas assez claire : « je trouve que les danses ici sont plus sexualisées. Quand j’ai été en danse privée, la danseuse m’a touché la cuisse, elle m’a dit ‘si tu remets de l’argent on peut faire d’autres choses’, c’est quelque chose que je n’avais pas vu dans d’autres clubs. » Sans en être gêné, car il n’est « pas une mauviette », il ne sait quoi en penser. 

            A noter qu’à la fin d’un show privé, les danseuses proposent souvent à leur client de repayer 30 minutes de danse dans un salon. 

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            Lorsqu’arrive l’heure de partir, Valentin va claquer la bise à tout le monde et clame « à vendredi ! » Il reviendra. « Le Bus Paradise, c’est le plus beau club de strip-tease de Lyon. »

            Concernant Thomas, il repart, après avoir tout de même passé une bonne soirée avec ses collègues. « Je n’ai rien contre le Bus Paradise en lui-même. On sent qu’on n’est pas dans la capitale, mais pour Lyon c’est quand même très bien. J’ai passé une bonne soirée. » 

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