MissCat : « tu dois totalement passer d’une vie à l’autre »
A 42 ans, MissCat est passionnée de danse. Strip-teaseuse mais pas seulement, la barre de pole dance est son acolyte de tous les jours. Avec ses 15 ans d’expérience, elle a pu créer et développer son personnage. Et c’est elle qui commande. Interview.
Crédit vidéo : ©Clémence Bouquerod
Crédit musique : ©Bus Paradise
Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai fait une licence en sociologie, et après une maîtrise de l’information et de la communication. Quand j’ai fini, je me suis retrouvée à travailler comme régisseuse pour une équipe Lucky Strike, et j’ai basculé danseuse aussi. J’avais déjà fait de la danse avant, et je me suis rendu compte que ça me plaisait, plus que tout le reste, et c’est là que ça a commencé.
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
Je ne l’ai pas vraiment choisi en fait, c’est arrivé un peu comme ça, par un concours de circonstance. Et finalement comme j’adorais danser et que j’étais très jeune dans ma tête, je ne me voyais pas dans un milieu professionnel trop engageant, psychorigide. Donc je me suis dit « je vais faire ça quelque temps », et je retournerai après dans une voie plus classique. Et en fait, je n’y suis jamais retournée.
Quelle est votre expérience en tant que strip-teaseuse ?
Je ne fais pas que du strip-tease pur. Je donne des cours de pole dance la semaine, et je fais beaucoup de prestation aussi autour de ça, comme de l’effeuillage burlesque. Mais sinon ça fait déjà 15 ans que j’exerce. Je trouve qu’en 15 ans, ça n’a pas tellement changé.
Crédit son : ©Clémence Bouquerod
Crédit photo : MissCat sur scène / ©Clémence Bouquerod
Quelle préparation est nécessaire pour une nuit en club ?
C’est un personnage que tu travailles. Car tu dois passer d’une vie totalement normale à une vie qui donne du rêve ou du fantasme à des gens. Tu peux rester très naturelle, comme certains jours vouloir totalement changer. Pour les vêtements, moi je sais que j’ai une costumière. Je lui fais des croquis, je lui dis ce que je veux. En plus je peux prendre en compte les contraintes techniques…car il faut pouvoir enlever les vêtements de manière esthétique. Mais tu dois totalement passer d’une vie à l’autre, et toujours paraître de bonne humeur.
Est-ce que cela a été difficile de le dire à vos proches ?
Par contre, c’est compliqué pour les relations amoureuses. Si tu sors avec quelqu’un qui travaille dans la nuit, il va comprendre que ce n’est qu’un travail, que ce n’est pas la vraie vie. Il sait qu’on ne sort pas avec les clients. Moi je sais que ça a toujours été compliqué. J’aimerai bien rencontrer quelqu’un qui travaillent « de jour », mais ils ne s’intéressent à moi que pour des mauvaises raisons.
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Crédit photo : MissCat après l'interview / ©Clémence Bouquerod
Que pensez-vous de l’amalgame entre strip-teaseuse et prostituée ?
Les gens sont fermés d’esprit, c’est un cliché. C’est parce qu’ils ne s’y intéressent pas. Pourtant, la plupart des filles qui travaillent là sont saines et normales. Elles sont mères de familles, étudiantes, ... Au contraire, la plupart des filles ont une approche des hommes compliqué. On est un peu dégoutées, quand on voit des hommes mariés qui nous proposent des trucs. Le pire du pire c’est quand ils insistent.
Est-ce que c’est une force d’être strip-teaseuse ?
Personnellement, je me sens patronne. Quand je fais ça, c’est moi qui commande. Pour moi, les hommes qui viennent en club, je les sens faibles. Je ne les sous-estime pas, mais c’est vrai que certains hommes, devant une paire de fesses ou de seins, ils perdent quand même un peu leurs moyens. Alors je sens avoir le pouvoir. Ils essayent de jouer avec nous, de nous faire croire qu’ils sont là par hasard. Sauf que non, s’ils sont venus là, c’est qu’ils ont un besoin. Et ils croient qu’ils choisissent, mais en fait c’est nous qui choisissons.